Un Baromètre plus positif que rapporté pour la transition alimentaire

Auteur - Martin Quirion

Publiée en décembre dernier, la sixième édition du Baromètre de l’action climatique a été interprétée par plusieurs comme une douche froide.

Le rapport soulève notamment la faible participation à la transition alimentaire. « La réduction de la consommation de viande figure parmi les habitudes les moins adoptées, même s’il s’agit d’un des gestes les plus utiles pour réduire notre empreinte climatique », a commenté l’autrice principale Valériane Champagne St-Arnaud de l’Université Laval dans Le Devoir.

Or, les résultats montrent tout de même certaines tendances encourageantes : 4 personnes sur 10 au Québec diminuent actuellement leur consommation de viande, et 2 sur 10 visent la réduction des produits animaux autres que la viande (les oeufs et les produits laitiers). Et dans les deux cas, 1 personne sur 10 a l'intention de le faire d'ici un an. C’est déjà un bon début!

C’est d’autant plus porteur d’espoir lorsqu’on considère la formulation assez restrictive de la question. En effet, on a demandé aux gens s’ils minimisent « le plus possible » leur consommation de ces deux catégories d’aliments. Pour M. et Mme Tout-le-Monde, c’est une proposition susceptible d’évoquer une approche tout ou rien. Il aurait été intéressant de connaître le résultat si la question avait été posée de façon moins tranchée, par exemple « limiter dans une certaine mesure. »

Et rappelons qu’il n'y a pas de campagne de sensibilisation à ce sujet. Imaginons si c’était le cas! Comme l’indique le Baromètre, la confusion chez les consommateurs « peut expliquer pourquoi, bien que la majorité de la population estime poser des gestes pour le climat, les actions les plus déterminantes — comme la réduction de l’utilisation de la voiture ou de la consommation de viande — tardent à être adoptées massivement. »

Décidément, il faut poursuivre les efforts pour conscientiser le grand public.

Un message simple au sein d’un environnement alimentaire complexe

La littératie alimentaire pose défi parce que l’environnement alimentaire du XXIe siècle est complexe. Non seulement les enjeux sont multiples, un trop-plein d’information rend difficile de discerner les bonnes idées parmi l’abondance de faussetés. Une préoccupation pour sa santé, par exemple, peut motiver certaines personnes à manger moins de viande tout en démotivant d’autres qui craignent (à tort) un manque de certains nutriments.

De là l’importance de jumeler les efforts de conscientisation à des mesures politiques, qui contribuent à légitimer les transitions de société aux yeux du grand public. Les initiatives anti-tabac ont contribué au fait que les bienfaits de la désaccoutumance ne sont plus remis en question aujourd’hui. Le gouvernement a maintenant le devoir d’agir pour signaler à la population ce qui importe le plus en matière d’environnement. En prime, des efforts plus structurants redonneront de la motivation aux efforts individuels qui s’essoufflent.

Le locavorisme est un exemple d’enjeu populaire pour les politiciens, mais qui compte bien moins qu’une alimentation plus végétale. L’un n’exclut pas l’autre, mais toujours est-il qu’à très peu d’exceptions près, il est toujours plus écologique de cultiver et de consommer des végétaux, peu importe leur provenance.

Voilà pourquoi, même au mois de janvier au Québec, un régime 100 % végétal incluant des aliments importés était associé à moins de GES qu’une alimentation 100 % locale qui inclut des produits animaux.

Il faut continuer à marteler le message très simple qui ressort du consensus scientifique : mangeons végé plus souvent, et local autant que possible.

Ou, dit autrement, suivons le Guide alimentaire canadien!

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